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TEXTS

Louis Doucet, commissaire d'exposition / Curator, Octobre 2021

Les premières expériences professionnelles d’Anne Juliette Deschamps ont été dans le théâtre et le cinéma. Elle en a gardé, dans ses productions plastiques, une attirance pour la scénographie et les cadrages pertinents. Ses œuvres – peintures, volumes et installations – recourent à des couleurs douces, pastellisées, étrangères à notre environnement, ce qui produit, d’emblée, sur le spectateur, un très théâtral effet de distanciation. Les références à la mythologie grecque accentuent cette sensation en générant un sentiment d’étrange familiarité avec ce qui est donné à voir. 
    Ses installations, dans lesquelles la frontalité prévaut, révèlent une démarche quasi minimaliste, à base de formes géométriques simples, mais délicatement colorées, qui entretiennent des relations entre elles, mais peuvent aussi affirmer une présence isolément les unes des autres.

Anne Juliette Deschamps' first professional experiences were in theater and cinema. She has kept, in her plastic productions, an attraction for scenography and relevant framing. His works – paintings, volumes and installations – use soft, pastel colours, foreign to our environment, which immediately produces a very theatrical effect of distancing on the viewer. The references to Greek mythology accentuate this feeling by generating a feeling of strange familiarity with what is given to see.

     His installations, in which the frontality prevails, reveal an almost minimalist approach, based on simple geometric shapes, but delicately colored, which maintain relationships between them, but can also affirm a presence in isolation from each other.

Catalogue MAC Paris, Sélection Automne 2019

MAC Paris exhibition catalog, Fall 2021 selection, France
 

Marie-odile Falais, Historienne et critique d'art / Art historian and art critic, 2021

In Anne Juliette Deschamps’s work I found echoes of the words of the nabis painter Maurice Denis “Remember that a painting is essentially a flat surface covered with colours put together in a certain order” . I love that we can experience further this reflection with her painted sculptures. Plus it’s basically ASMR for my eyes.

 

Dans l’œuvre d’Anne Juliette Deschamps, j’ai trouvé des échos aux propos du peintre nabis Maurice Denis « Se rappeler qu'un tableau, avant d'être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. » 

J'adore le fait que nous puissions expérimenter cette réflexion avec ses sculptures peintes.  De plus, c'est basiquement de l’ASMR pour mes yeux.

@imagine_moi

 

Zélie Keller, Curatrice / Curator, Février 2020

Les œuvres de cette artiste sont des représentations du monde qui l’entoure. Fidèles au style graphique caractéristique de Anne Juliette Deschamps, les œuvres sont anguleuses et avec des arêtes tranchantes. Elles véhiculent des idées conceptuelles, nées de sa propre vision du monde. Elles sont souvent accompagnées de commentaires, permettant de diffuser les messages personnels de l’artiste. Son exposition de 2014, « Fresh to Death », en est un excellent exemple. L’accent y était mis sur l’ours polaire, qu’elle a réinterprété dans des peintures et des sculptures de tailles diverses. Son utilisation de l’ours polaire n’est autre que le moyen d’attirer notre attention sur le réchauffement climatique et la relation de l’homme avec notre environnement. En effet, lorsque l’exposition a été présentée pour la première fois, l’organisation UICN venait d’ajouter les ours polaires à la liste des espèces menacées, d’où leur nom de « Fresh to Death ».

D’autres productions de cette même artiste sont moins chargées émotionnellement, mais demeurent particulièrement intéressantes. Pour example, son exposition de 2019, « Helios », qui s’est déroulée dans le cadre de la Young International Art Fair. Celle-ci, plus conceptuelle, proposait des œuvres installées d’Est en Ouest. Ces dernières reflétaient le parcours du soleil tout au long de la journée. En créant des œuvres réfléchies et intelligentes, Anne Juliette Deschamps nous fait réfléchir à notre position dans l’immensité de l’univers.

The works of this artist are representations of the world around her. Faithful to the characteristic graphic style of Anne Juliette Deschamps, the works are angular and with sharp edges. They convey conceptual ideas, born from his own vision of the world. They are often accompanied by comments, allowing the artist's personal messages to be disseminated. His 2014 exhibition, “Fresh to Death,” is a prime example. The focus was on the polar bear, which she reinterpreted in paintings and sculptures of various sizes. His use of the polar bear is nothing more than a way to draw our attention to global warming and man's relationship with our environment. Indeed, when the exhibition was presented for the first time, the UICN organization had just added polar bears to the list of endangered species, hence their name “Fresh to Death”.

Other productions by this same artist are less emotionally charged, but remain particularly interesting. For example, his 2019 exhibition, “Helios”, which took place as part of the Young International Art Fair. This one, more conceptual, proposed works installed from East to West. These reflected the course of the sun throughout the day. By creating thoughtful and intelligent works, Anne Juliette Deschamps makes us think about our position in the vastness of the universe.

Artsper Magazine

Nicolas Lacroix, Directeur de galerie / Gallery Owner, Oct 2016

Lux, une abstraction atmosphérique. C’est une allusion aux origines de toute vie en se référant à la création de la matière et au voyage de la lumière à travers l’univers.
Une tentative de matérialisation de la lumière, de sa perception furtive et impalpable et de son interprétation abstraite. Un travail contemplatif qui s’inspire de l’infinie variété de luminosité que nous observons et qui nous englobe.

 

Anne Juliette Deschamps travaille les lignes, les courbes, les surfaces et met en scène ses sujets de prédilections : la faune et l’environnement.

Mais quelle évolution depuis deux ans et son travail présenté à la Galerie Lacroix en 2014 où renards, ours ou loups donnaient leur sens au titre de l’exposition Fresh to Death.

 

Aujourd’hui, elle peut se passer de mettre en scène cette faune dans son environnement et son travail n’est plus figuratif.

Elle souhaite utiliser le spectateur comme matière figurative à confronter à des œuvres abstraites afin de créer un environnement, positionner les sculptures ou le spectateur en dialogue avec ces œuvres.

Le spectateur est, de fait, en situation de contemplation.

 

Les formes rondes évoquent le disque solaire ou la sphère terrestre, le cercle du cycle de la vie, la maternité, ou la vision, le globe oculaire et l’iris, que la couleur environne et enveloppe de lumière.

 

‘La lumière est fondamentale en ce sens que dans la multiplicité et les impressions que nous fait le monde sensible et le rappel de l’unité qui transcende ces impressions, toujours partielles, et ce rappel de l’unité est le rappel de la poésie à sa tâche.

Dans la peinture de paysages, la lumière est présente et différenciée et active.

La poésie demande aux mots de faire revenir la lumière dans des situations d’existence ou notre pensée découragée, démoralisée, dé-conceptualisée ne voit plus que de la pénombre. 

Faire revenir la lumière plutôt que la pénombre’.

Yves Bonnefoy

 

La lumière, les lumières que nous propose Anne Juliette Deschamps sont sans doute des plus complexes et des plus chargées symboliquement, celles que la couleur tente de préciser au mieux mais dont la richesse rend l’expression difficile.

Les lumières de ll’aube, du crépuscule, de l’heure bleue…

 

Après le figuratif et la suggestion du figuratif, Anne Juliette Deschamps tend vers l’abstraction à travers la figure du cercle qui véhicule le symbolisme de la perfection, l’absolu, l’infini, le divin.

Lux, an atmospheric abstraction. It is an allusion to the origins of all life by referring to the creation of matter and the journey of light through the universe.

An attempt to materialize light, its furtive and impalpable perception and its abstract interpretation. A contemplative work that is inspired by the infinite variety of luminosity that we observe and that encompasses us.

 

Anne Juliette Deschamps works with lines, curves, surfaces and stages his favorite subjects: wildlife and the environment.

But what an evolution over the past two years and his work presented at the Galerie Lacroix in 2014 where foxes, bears or wolves gave their meaning to the title of the exhibition Fresh to Death.

 

Today, she can do without staging this fauna in her environment and her work is no longer figurative.

She wishes to use the spectator as a figurative material to be confronted with abstract works in order to create an environment, position the sculptures or the spectator in dialogue with these works.

The spectator is, in fact, in a situation of contemplation.

 

The round shapes evoke the solar disk or the terrestrial sphere, the circle of the cycle of life, motherhood, or vision, the eyeball and the iris, which the color surrounds and envelops with light.

 

'Light is fundamental in the sense that in the multiplicity and the impressions that the sensible world makes on us and the reminder of the unity that transcends these impressions, which are always partial, and this reminder of unity is the reminder of poetry to his task.

In landscape painting, light is present and differentiated and active.

Poetry asks words to bring light back to situations of existence where our discouraged, demoralized, de-conceptualized thought only sees darkness.

Bring back light rather than darkness.

Yves Bonnefoy

 

The light, the lights that Anne Juliette Deschamps offers us are undoubtedly the most complex and the most symbolically charged, those that the color tries to clarify at best but whose richness makes it difficult to express.

The lights of dawn, dusk, blue hour...

 

After the figurative and the suggestion of the figurative, Anne Juliette Deschamps tends towards abstraction through the figure of the circle which conveys the symbolism of perfection, the absolute, the infinite, the divine.

Exhibition catalog / Catalogue d'exposition

Lux, une abstraction atmosphérique. Galerie Lacroix, October 7th - November 5th 2016, Paris France

Nicolas Lacroix, Directeur de galerie / Gallery Owner, Sept 2014

Fresh to death, expression polysémique s’il en est : la fraîcheur est autant celle de l’excitation que du froid polaire, la mort autant synonyme d’outrance joyeuse que de trépas inexorable. La combinaison des deux termes exprime bien la vision du monde d’Anne Juliette Deschamps : l’élégance, l’allégresse mêlées à la menace, au danger. Le monde est une source intarissable de beauté, mais cette beauté est sans cesse menacée. La faune arctique, et plus précisément l’ours polaire en sont le symbole.

 

Le travail d’Anne Juliette Deschamps commence par le dessin. D’abord, elle recherche les ombres et les lumières par les valeurs. Puis elle les reporte sur la toile à la mine graphite. Chaque surface est ensuite peinte dans sa valeur. Enfin, elle procède à une intervention graphique finale pour les lettrages, les flammes, la fourrure, les formes libres…

Lorsqu’un dessin exprime un sentiment suffisamment fort pour être travaillé en volume, elle passe à la sculpture.

Elle modèle un volume, et quand il lui convient, elle le sculpte et le ponce pour suivre les courbes, les plans et les arêtes jusqu’à obtenir le trait qui l’intéressait dans le dessin, avec l’angle de vue correspondant.

 

Il y a dans la figuration de l’ours, qui est au centre de cette exposition, quelque chose d’humain, comme un reflet de l’homme et de sa condition. On peut y percevoir un nouveau Penseur, contemporain et contemplatif, méditant sur le monde et son état.
L’ours d’Anne Juliette Deschamps est universel : lorsqu’un prototype grandeur nature a été exposé à la OFF Art Fair Brussels au mois d’avril 2014, de nombreux visiteurs du salon ont cru le (re)connaître.

Comme l’ours de Pompon qui exprime la puissance et la majesté dans le simple fait de marcher, celui d'Anne Juliette Deschamps exprime également l’humilité face à l’immensité qui l’entoure. Il amorce un mouvement ; après avoir été assis il se relève, ne se résigne pas.

 

L’ours est l’homme, roi d’un monde qu’il ne comprend plus.

 

L’historien Michel Pastoureau notait que « les hommes et les sociétés semblent hantés par le souvenir, plus ou moins conscient, de ces temps très anciens où avec les ours ils avaient les mêmes espaces et les mêmes proies, les mêmes peurs et les mêmes cavernes, parfois les mêmes rêves et les mêmes couches ». Le souvenir est toujours là, palpable et poétique, et l’ours est aujourd’hui paré de couleurs irréelles – au blanc glacial s’ajoutent le noir sépulcral, le bleu glacier ou le rose fluo – qui disent les contrastes et contradictions du monde, ses beautés et ses dangers, sa surprenante singularité comme son inquiétante étrangeté.

 

Avant d’être définie scientifiquement comme lumière, la couleur a d’abord été perçue comme matière, comme enveloppe qui recouvre les choses.

L’ ‘’histoire chromatique’’ d’Ajee se rapproche de celle d’autres cultures ‘’qui n’isolent pas les unités colorées à la manière de l’occident, mais s’appuient sur des paramètres qui leur sont propres. L’essentiel n’est alors pas de savoir si une couleur est rouge ou bleue mais de savoir si elle est sèche ou humide, lisse ou rugueuse, tendre ou dure, sourde ou sonore.’’ Les couleurs d’Anne Juliette Deschamps prennent ainsi une signification nouvelle.

 

L’ours se décline en de multiples formats qui s’échelonnent d’une dizaine de centimètres jusqu’à la grandeur nature.

L’artiste a tout d’abord conçu cet ours avec un personnage féminin, les deux formant un tout par leur relation.

Elle les a sculptés dans un petit format pouvant être édité en vinyle, car ce médium l’intéressait. Il est ensuite devenu porcelaine puis, à l’évidence, il devait grandir. Un volume de 35 centimètres de haut s’est imposé avant de parvenir à sa taille adulte d’un mètre vingt en résine.

Dans une démarche spécifique à cette série, Anne Juliette Deschamps a également représenté l’ours sur toile au un châssis triangulaire. Elle souhaitait que le sujet déborde du triangle pour en sortir.

 

Anne Juliette Deschamps a débuté par l’Art Toy avec le projet d'éditions d'art Ajee, qui lui apparaissait comme une évidence quand elle a commencé parce que c’est sa culture. Elle n’imaginait pas faire autre chose. C’était une évidence.

Aujourd’hui, elle a besoin de sculpter « plus grand », donc des pièces uniques.

 

Anne Juliette Deschamps présente aussi au sein de cette exposition des toiles aux formats variés et des dessins. On y retrouve, comme dans l’ensemble de son travail, des femmes, et plus largement des animaux.

 

Ce dont Anne Juliette Deschamps nous parle avec eux, c’est de son respect pour la nature, la faune et la flore, les éléments et l’environnement.

Elle nous propose sa vision du monde à travers les yeux de ses personnages féminins.

C’est ce qu’elle voit d’où elle se tient en regardant au loin, humble et contemplative.

Fresh to death, a polysemous expression if ever there was one: freshness is as much that of excitement as of polar cold, death as much synonymous with joyful excess as it is with inexorable death. The combination of the two terms expresses well Anne Juliette Deschamps's vision of the world: elegance, joy mixed with threat, danger. The world is an inexhaustible source of beauty, but this beauty is constantly under threat. The arctic fauna, and more precisely the polar bear are the symbol of this.

 

Anne Juliette Deschamps's work begins with drawing. First, it searches for shadows and lights by values. Then she transfers them to the canvas with graphite mine. Each surface is then painted in its value. Finally, she proceeds to a final graphic intervention for the lettering, the flames, the fur, the free forms...

When a drawing expresses a feeling strong enough to be worked in volume, she moves on to sculpture.

She models a volume, and when it suits her, she sculpts and sands it to follow the curves, planes and edges until she obtains the line that interested her in the drawing, with the corresponding angle of view.

 

There is in the figuration of the bear, which is at the center of this exhibition, something human, like a reflection of man and his condition. We can perceive a new Thinker, contemporary and contemplative, meditating on the world and its state.

Anne Juliette Deschamps's bear is universal: when a life-size prototype was exhibited at the OFF Art Fair Brussels in April 2014, many visitors to the show thought they (re)recognized it.

Like Pompon's bear, which expresses power and majesty in the simple act of walking, Anne Juliette Deschamps's bear also expresses humility in the face of the immensity that surrounds it. He initiates a movement; after having been seated he gets up, does not resign himself.

 

The bear is the man, king of a world he no longer understands.

 

The historian Michel Pastoureau noted that "men and societies seem haunted by the memory, more or less conscious, of those very ancient times when with the bears they had the same spaces and the same prey, the same fears and the same caves. , sometimes the same dreams and the same diapers”. The memory is still there, palpable and poetic, and the bear is today adorned with unreal colors – to the icy white are added sepulchral black, ice blue or fluorescent pink – which speak of the contrasts and contradictions of the world, its beauties and its dangers, its surprising singularity as well as its disturbing strangeness.

 

Before being scientifically defined as light, color was first perceived as matter, as an envelope that covers things.

Anne Juliette Deschamps's "chromatic history" is similar to that of other cultures "which do not isolate colored units in the manner of the West, but rely on their own parameters. The main thing then is not to know if a color is red or blue but to know if it is dry or wet, smooth or rough, soft or hard, dull or sonorous.'' Ajee's colors thus take on a meaning New.

 

The bear is available in multiple formats ranging from ten centimeters to life size.

The artist first designed this bear with a female character, the two forming a whole through their relationship.

She sculpted them into a small format that could be edited on vinyl, because this medium interested her. It then became porcelain and then, obviously, it had to grow up. A volume of 35 centimeters high was imposed before reaching its adult size of one meter twenty in resin.

In a specific approach to this series, Anne Juliette Deschamps also represented the bear on canvas with a triangular frame. She wanted the subject to go beyond the triangle to get out of it.

 

Anne Juliette Deschamps started with Art Toy through the project Ajee, which seemed obvious to her when she started because it is her culture. She couldn't imagine doing anything else. It was obvious.

Today, she needs to sculpt "bigger", so unique pieces.

 

Anne Juliette Deschamps also presents within this exhibition canvases in various formats and drawings. We find there, as in all of his work, women, and more generally animals.

 

What Anne Juliette Deschamps talks to us about with them is his respect for nature, fauna and flora, the elements and the environment.

She offers us her vision of the world through the eyes of her female characters.

This is what she sees from where she stands looking into the distance, humble and contemplative.

Exhibition catalog / Catalogue d'exposition

Fresh to Death, Galerie Lacroix, September 18th - October 18th 2014, Paris France

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